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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/74

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position du sujet : il en résulte que, dans un individu mal disposé, une légère cause peut acquérir une intensité capable non seulement de faire naître la fluxion dont il s’agit, mais encore de détruire l’œil dans un seul paroxysme.

Enfin, quoique la fluxion périodique affecte plus les jeunes chevaux que les vieux, cependant les poulains à la mamelle en sont exempts. Les chevaux chez lesquels les crochets sont entièrement sortis, et dont les dents de la mâchoire postérieure sont rasées, ne l’éprouvent qu’autant qu’ils ont été mis de bonne heure aux fourrages secs et au grain. L’époque la plus ordinaire où elle se manifeste est en général lors de la profusion des dents, et spécialement de celle des crochets, et sur-tout lors de la sortie des dernières dents mâchelières. Les jumens dépourvues de crochets y sont en quelque sorte moins exposées que les chevaux, et les jumens bréhaignes. Le temps le plus ordinaire de l’apparition de cette fluxion, est depuis trois ans jusqu’à l’âge de six et de sept ans. On l’a vue paroître néanmoins à un âge plus avancé ; mais le cas est rare.

Il y a quelques exceptions à cette règle cérébrale : dans quelques parties du Poitou, telles que Saint-Maixent, Niort, Fontenai, les chevaux l’éprouvent plus généralement après l’âge de sept ans. Presque toutes les jumens d’un certain âge sont aveugles ; elles sont destinées à la propagation des mulets. Il en est de même en ce qui concerne les jumens et les chevaux, dans la Franche-Comté. Les poulains de cette province, ainsi que ceux de Béfort, Huningue et leurs environs, y sont aussi très-exposés après le sevrage. Les jumens et les chevaux de ce canton ont tous, ou presque tous, le ventre avalé et très-gros

Les animaux dont la tête est grosse, grasse, y sont plus sujets que les autres ; ceux qui sont nourris dans des terrains bas, marécageux et aquatiques, en éprouvent les effets beaucoup plus fréquemment que ceux qui sont nourris et élevés sur des terrains secs.

Plus les poulains changent de pâturages, à moins que ce ne soit pour les transporter d’un lieu humide dans un terrain sec, plus ils subissent de vicissitudes dans leur éducation, dans leur nourriture, dans leur tenue, plus ils sont sujets à cette maladie. Si la nature est toujours lésée des révolutions qu’on lui fait éprouver, on ne doit point s’étonner que cette maladie soit aussi fréquente qu’elle l’est dans le cheval, tandis qu’elle n’existe presque pas dans les autres animaux domestiques ; et la raison de cette différence se trouve autant dans les variétés qu’on observe dans la constitution physique de cet animal, que dans l’éducation des poulains, éducation dont l’avarice et la cupidité ont suggéré le mode.

La fièvre locale que la nature établit dans les alvéoles, pour opérer la chute des dents de lait et la sortie de celles qui doivent leur succéder, est d’autant plus forte que les os des mâchoires ont plus de consistance, et que les dents qui les écartent, les ouvrent et les percent, sont plus grosses. La sortie des dents des coins, et sur-tout celles des crochets, coûtant infiniment plus d’efforts à la nature que la sortie des dents des pinces, il s’ensuit que l’époque la plus commune de l’apparition de la fluxion périodique est précisément celle de quatre à cinq ans ; si elle a lieu plus tôt ou plus tard, c’est que les causes occasion elles dont nous venons de faire mention, ont plus ou moins d’intensité ; ou que les causes qui la déterminent directement ne se rencontrent pas dans le temps dont il s’agit.

La plupart des causes que nous avons exposées comme prédisposantes à la première attaque de la fluxion périodique deviennent encore occasionnelles, soit du premier accès, soit de ceux qui le suivent, et doivent être rapportées ici comme telles.


CHAPITRE V.

Traitement préservatif. S’il n’est pas permis de détruire la cause occasionnelle que nous avons regardée comme inhérente au cheval, il est très heureusement possible de s’opposer, jusqu’à un certain point, à l’action d’une bonne partie des causes prédisposantes sans lesquelles la maladie n’existeroit pas ; ainsi la plus grande partie de ces causes tenant à l’éducation du poulain, et au régime qu’on lui fait observer dans un âge plus avancé, le point d’utilité est d’indiquer un meilleur régime que pourront faire suivre les personnes qui s’intéressent à la perfection et à la conservation des chevaux.

Nous allons essayer de remplir cette tâche, en appliquant successivement les moyens de correction aux causes que nous avons passées en revue

§. I. Sevrage brusque ; amaigrissement et engraissement alternatifs. Il ne faudroit sevrer les poulains qu’au bout de six ou huit mois d’allaitement, et les sevrer par degrés. Le vœu de la nature seroit même qu’on ne les sevrât qu’au