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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/75

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bout d’un an. La jument que l’on fait couvrir peu de jours après qu’elle a pouliné, ainsi que c’est l’habitude, devenant pleine alors, et étant obligée de fournir au développement d’un fœtus et à la nourriture d’un poulain, s’exténue ; de même que son fruit et son nourrisson se font tort l’un à l’autre. On a adopté cette méthode afin de faire naître plus de productions ; mais si l’on pouvoit se décider à avoir moins d’individus, afin de les obtenir meilleurs, il faudroit ne faire saillir la jument qu’un an après l’accouchement, c’est-à-dire, ne lui faire rapporter qu’un poulain en deux ans. Les lieux dans lesquels on met pâturer les poulains sevrés devroient être assez secs pour les empêcher d’engraisser, et assez abondans peur fournir les matériaux de leur accroissement.

Du reste, celui qui achète des poulains quelque temps après le sevrage, prendra toujours la chance la plus avantageuse, en choisissant ceux qui sont maigres plutôt que gras, en ayant soin de les placer dans des pâturages qui les fassent croître et se développer sans les engraisser.

§. II. Pâturages humides. L’homme recherche dans le cheval ses travaux et non de la chair et de la graisse ; c’est pourquoi on devroit ne mettre les jumens, les poulains et les chevaux, dans les pâtures où l’herbe est abondante, qu’après que les bœufs ou les vaches ont rasé la plupart des endroits ou la végétation est copieuse, et ne les y laisser que peu de temps chaque jour.

Il faudroit même ne point tenir les mères dans les pâtures humides, sur-tout au commencement du printemps et de l’automne, époques où la végétation est plus active. On devroit éviter de tenir les jumens, et les poulains surtout, dans des brouillards épais qui régnent principalement en automne, et ne les mettre aux pâturages qu’après que ces brouillards sont dissipés.

Les endroits où l’on a répandu des fumiers ne devroient être livrés qu’un an après, comme pâtures, aux chevaux, aux jumens et aux poulains.

Le trèfle, la luzerne en vert, devroient être donnés avec ménagement aux jeunes chevaux ; et il seroit bon d’y mêler de la paille.

§. III. Exercice prématuré. La nature n’inspire le mouvement aux jeunes sujets que comme un jeu dont l’effet est de favoriser le développement ; on peut les faire exercer à la compagnie de chevaux accoutumés au travail, quand les pinces d’adulte sont poussées. (Voyez Accroissement, Accoutumer, Sommeil.) On peut les faire travailler très-légèrement, lorsque les dents mitoyennes d’adulte ont effectué leur protrusion ; mais ils ne sont capables d’un travail soutenu, que lorsque les coins de lait sont remplacés.

§. IV. Alimens secs, et changemens de climat. Il ne faudroit changer les chevaux de climat, que par une gradation bien ménagée, sur-tout quand ils sont jeunes ; et il seroit important qu’à mesure que l’âge doit les affermir, on les plaçât dans des circonstances de plus en plus favorables ; par exemple, qu’on les ôtât des pâturages copieux et humides, pour leur procurer des herbes savoureuses et délicates. Mais ce n’est qu’après la chute de toutes les dents de lait qu’il convient de les mettre aux fourrages secs, aux grains, et particulièrement à l’hivernage.

Il suit de ces principes que l’on ne devroit amener dans les régimens, pour les remontes, que des chevaux qui eussent aussi mis toutes leurs dents d’adulte.

§. V. Air vicié des écuries. Le sol de ces logemens doit être élevé et avoir une pente douce qui fasse écouler les urines en dehors ; les pavés doivent être aplatis et liés par un-bon ciment, ou bien l’écurie doit être salpêtrée. Dans les campagnes où le sol de l’écurie est le plus souvent de la terre mêlée d’argile, où il est imbibé des matières décomposées qui ont séjourné dans les trous, faits par le piétinement des chevaux, et plus encore par la chute des urines, il faut enlever cette terre très-fétide avant d’en rapporter d’autre pour mettre renfoncement au niveau. (Voyez Cachexie.)

Les fumiers ôtés souvent des ouvertures correspondantes pratiquées au dessus de la tête des chevaux, et tenues ouvertes sur-tout quand les animaux sont sortis, assainiront l’air de ces logemens, et en empêcheront la chaleur excessive.

Quand il n’y a pas de travaux, la promenade tous les jours doit être mise en usage, pour solliciter la fonction des organes digestifs, et éviter les coups de sang à la tête.

En un mot, en évitant toutes les causes prédisposantes, on s’affranchira des maux qu’elles entraînent à leur suite. Le développement des os de la tête, dans le cheval, et la protrusion de ses dents, s’opéreront avec des efforts