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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/136

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LA COMPLAINTE

Jhérusalem, ahi ! ahi !
Com t’a blecié et esbahi
Vaine gloire, qui toz maus brasse,
Et cil qui seront envaï
Et charront là où cil chaï
Qui par orgueil perdi sa grâce !
Or du fuir la mort les chace
Qui lor fera de pié eschace :
Tart crieront : « Trahi ! trahi ! »
Qu’ele a jà entesé sa mache,
Ne jusqu’au férir ne manace ;
Lors harra Diex qui le haï.

Or est en tribulacion
La terre de promission,
A pou de gent tout esbahie :
Sire Diex ! porqoi l’oublion,
Quant por nostre redempcion
I fu la char de Dieu trahie ?
L’en lor envoia en aïe
Une gent despite et haïe,
Et ce fu lor destruction.
Du roi durent avoir lor vie ;
Li Rois ne l’a pas assouvie[1] :
Or guerroient sa nascion.

L’en sermona por la croiz prendre,
Que l’en cuida paradis vendre
Et livrer de par l’apostole :
L’en pot bien le sermon entendre,

  1. Ms. 7633. Var. A sa vie.