Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
DE CONSTANTINOBLE.

Mès à la croiz ne vout nus tendre
La main por piteuse parole.
Or nous deffent-on la carole[1],
Que c’est ce qui la terre afole,
Ce nous vuelent li frère aprendre ;
Mès faussetez, qui partout vole,
Qui crestiens tient à escole,
Fera la sainte terre rendre.

Que sont les deniers devenuz
Qu’entre Jacobins et Menuz
Ont recéuz de testament[2],
De bougres por loiaus tenuz
Et d’useriers viex et chenuz

  1. Espèce de danse, chorea, qu’on accompagnait de paroles. Le vers de Rutebeuf prouve que les défenses de danser de nos curés ne sont pas nouvelles.
  2. Comme on le verra par la suite, Rutebeuf adresse fréquemment ces reproches aux Jacobins et aux Cordeliers, et il n’est pas le seul ; la plupart des écrivains contemporains font de même : l’auteur de Renart le nouvel, Jacques Gielée, qui termina son livre en 1288, se moquant de l’hypocrisie des Cordeliers, dit (voyez page 434, édition de Méon, tome IV, du Roman du renart) :

           ......Li frère Meneur
           Con li Jacobin s’acordèrent ;
           Renart requisent et rouvèrent
           De lor ordre presist les dras,
           Non ferai, dist Renart en bas,
           Mais mon fil i ferai entrer
           Roussiel, se il le viut gréer.
           Cius le gréa, lors l’ont viestu
           A guise de frère Menu.

    Plus loin le fils de Renart, prenant la parole, se plaint des prélats, qui veulent empêcher des Cordeliers

           De oïr les confessions
           Et de faire absolutions,
           Et d’engoindre penance as gent,
           Et d’estre aussi as testamens.