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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/14

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XIV
PRÉFACE.

quante ans dans son écuelle[1]. Aussi je n’ai pas peur qu’elle me triche. » Cette conclusion semble le consoler un peu de toutes les qualités négatives que nous venons d’énumérer et dont il fait généreusement le partage peu gracieux de sa femme.

Il paraît très-positif que ce mariage de Rutebeuf n’est point un conte inventé pour apitoyer ses lecteurs : la manière dont il s’appesantit sur les tristes conséquences qui en résultèrent pour lui ne permet pas de le regarder comme imaginé à plaisir ; mais ce qui semble encore plus certain, c’est qu’au fardeau du ménage se joignit bientôt celui des enfants.

En effet nous avons vu plus haut que lorsque Rutebeuf épousa sa femme elle était enceinte : dans une autre pièce[2] il revient encore sur ce sujet, et confirme sa première allégation par un jeu de mots plus facile à entendre qu’à traduire, mais qui se comprend aisément, en disant qu’avec son mariage naquit sa peine et qu’elle commença en lune pleine. Il fait aussi allusion à la fécondité de sa femme par ces paroles de la pièce qu’il adresse à saint Louis[3] « qu’entre le temps qui est dur et sa fa-

  1. On trouve un autre exemple de cette locution dans la pièce intitulée Les droiz au clerc de Voudray (Ms. 7218) :

    Xxxvij. anz en s’escuele
    A converse mingnos et cointe

  2. Voyez page 13.
  3. Voyez page 2.