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COMPLAINTE D’OUTRE-MER.

Ci auroit trop dure atendance,
Car li termes vient durement,
Que Dieux tanrra son jugement.
Quant li plus juste d’Adam nei
Auront paour d’estre dampnei,
Ange et archange trembleront,
Les laces armes que feront ?
Queil part ce porront-elz repondre,
Qu’à Dieu ne’s estuisse répondre
Quant il at le monde en sa main
Et nos n’avons point de demain ?

Rois de France, rois d’Aingleterre,
Qu’en jonesce deveiz conquerre[1]
L’oneur dou cors, le preu de l’âme,
Ainz que li cors soit soz la lame,
Sanz espargnier cors et avoir,
S’or voleiz paradix avoir
Si secoreiz la Terre-Sainte
Qui est perdue à seste empainte,
Qui n’a pas .i. an de recours,
S’en l’an méismes n’a secours ;
Et c’ele est à voz tenz perdue,
A cui tenz ert-ele rendue ?

Rois de Sézile, par la grâce
De Dieu, qui vos dona espace
De conquerre Puille et Cézille[2],

  1. Voyez la note du commencement de la pièce.
  2. Charles d’Anjou. (Voyez la note sur ce prince au commencement de la pièce intitulée Li diz de Puille.)