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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/213

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LI DIZ DES CORDELIERS.

Au jor dou jugement devant la grant assise,
Que Jhésu-Criz penra de péchéors justice,
Saint François aura ceuz qui seront à sa guise :
Por ce sont Cordelier la gent que je miex prise.

En la corde s’encordent cordée à .iij. cordons[1],
A la corde s’acordent dont nos descorderons.
La descordance acordent des maux que recordons,
En lor lit se descordent por ce que nos tortons.

Chacuns de nos se tort de bien fère sanz faille,
Chacuns d’aux s’an détort et est en grant bataille ;
Nos nos faisons grant tort ..........
Quant chacuns de nos dort chacuns d’aus se travaille.

La corde sénefie, là où li neu sont fet,
Que le mauffé desfient et lui et tot son fet.
Cil qui en aux se fie, si mal et si mesfet
Seront, n’en doutez mie, dépecié et desfet.

Menor sont apellé li Frère de la corde ;
Menor vient au premier, chacuns d’aux s’i acorde,
Que l’âme viaut sauver ainz que la mors l’amorde,
Et l’âme de chacun qu’à lor acort s’acorde.

Se sinifie plaint, par Eve se doit-on plaindre[2].
Par Eve fu âme en plaint, Eve fit âme plaindre.

  1. La ceinture de corde des Cordeliers a en effet trois nœuds.
  2. Il est probable qu’à partir de cette strophe, qui ne fait pas avec la précédente un sens suivi, il y a dans cette pièce une confusion causée par les copistes. Le reste du Diz est en effet fort obscur et fort difficile à entendre.