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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/221

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DES RÈGLES.

A cels le donent et délivrent
Qui les aboivrent et enyvrent
Et qui lor engressent les pances
D’autrui chatels, d’autrui substances[1],
Qui sont, espoir, bougre parfet,
Et par paroles et par fet,
Ou userier mal et divers,
Dont el sautier nous dit li vers
Qu’il sont jà dampné et perdu.
Or ai le sens trop esperdu.
S’autres paradis porroit estre
Que cil qui est le roi célestre ;
Quar à celui ont-il failli
Dont en la fin sont mal bailli[2].
Qui porroit paradis avoir
Après la mort por son avoir,
Bon feroit embler et tolir ;
Mès il les covendra boillir
Ou puis d’enfer sanz jà réembre :
Tel mort doit l’en douter et criembre.
Bien sont or mort et avuglé,
Bien sont or fol et desjuglé,
S’ainsi se cuident délivrer.

  1. Ceci est à peu près l’équivalent de cette parole de Christophe Colomb à Ferdinand et Isabelle après son quatrième voyage : « Avec de l’or on fait tout ce qu’on désire en ce monde, on fait même arriver des âmes en paradis. »
  2. Le Ms. 7633 offre les variantes qui suivent :
    Dont il sont mort et mal bailli ;
    Mais il croient ces ypocrites
    Qui ont les enseignes escrites
    Einz visages d’estre preudomme,
    Et il sont teil com je les nomme.
    Halas ! qui porroit Deu avoir, etc.