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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/222

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DES RÈGLES.

Au mains sera Diex au livrer
De paradis, qui que le vende.
Je ne cuit que saint Pières rende
Ouan les clez de paradis ;
Et il i metent .x. et .x.
Cels qui vivent d’autrui chaté
Ne l’ont or bien cist achaté.
S’on a paradis por si pou,
Je tieng por bareté saint Pou,
Et si tieng por fol et por nice
Saint Luc, saint Jaque de Galice,
Qui s’en firent martirier,
Et saint Pierre crucefier[1] !
Bien pert qu’il ne furent pas sage,
Se paradis est d’avantage ;
Et cil si rementi forment
Qui dist que paine ne torment
Ne sont pas digne de la grâce
Que Dieu par sa pitié nous face.
Or avez la première riègle
De cels qui ont guerpi le siècle.

La seconde vous dirai-gié :
Nostre prélat sont enragié,
Si sont décrestistre et devin.

  1. Un troubadour, Raymond de Castelnau, a exprimé en d’autres termes la même pensée : « Si Dieu, dit-il, veut que les Moines-Noirs soient sans égaux pour bien manger et pour tenir des femmes, les Moines-Blancs pour des bulles mensongères, les Templiers et les Hospitaliers pour leur orgueil, et les chanoines pour prêt à usure, je tiens pour bien fous saint Pierre et saint André qui souffrirent pour Dieu tant de tourments, puisque tous arrivent au même salut. »