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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/318

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C’EST LE DIT D’ARISTOTLE.

Que n’est ne cuens ne châtelains
Qui sont riche d’anceserie.
Si te pri, por sainte Marie[1],
Se tu voiz home qui le vaille,
Garde qu’à ton bienfait ne faille ;
N’i prent jà garde à parentei :
C’om voit de teux à grant plantei
Qui sont de bone gent estrait
Dont on asseiz de mal retrait.

Jadiz ot en Égypte .i. roi
Sage, large, de grant esfroi,
Liez et joians, haitiez et baux,
Et ces fiz fu povres ribaux,
Et conquist asseiz anemis.
Puis que nature en l’ome a mis
Sens et valour et cortoisie,
Il est quites de vilonie.
Tex est li hons com il se fait :
I. homs son lignage refait
Et uns autres lou sien depièce.
Je ne porroic croire à pièce
Que cil ne fu droiz gentiz hom
Qui fausetei et trahison
Heit et eschive et honeur ainme,
Ou je ne sai pas qui s’en claimme,
Jeutil ne vilain autrement.

  1. Por sainte Marie est une singulière expression dans la bouche d’Aristote. Elle rappelle involontairement nos manuscrits des histoires romaines où les soldats sont représentés vêtus comme au 14e siècle, et l’usage, qui a duré jusqu’à la révolution, de représenter au théâtre les héros grecs en habits à la française.