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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/330

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DE LA DAMME QUI FIST TROIS TOURS

Qui sa damoisele apela,
Por ce que mult la prise et aime.
— « Sire, fet-elle, il me faut traime
A une toile que je fais,
Et si m’en faut encor grant fais
Dont je ne me soi garde prendre,
Et je n’en truis nès point à vendre ;
Par Dieu, si ne sai que j’en face. »
— « Au déable soit tel filace,
Fet li vallés[1], comme la vostre !
Foi que je doi saint Pol l’apostre,
Je voudroie qu’el fust en Saine[2]. »
Atant se couche, si se saine,
Et cele se part de la chambre.
Petit séjornèrent si membre
Tant qu’el vint là où cil l’atent :
Li uns les bras à l’autre tent.
Iluec furent à grant déduit,
Tant qu’il fu près de mienuit.

Du premier somme cil s’esveille,
Mès mult li vient à grant merveille
Quant il ne sent lez lui sa fame.
— « Chamberière, où est vostre[3] dame ? »
— « Ele est là fors, en cele vile,
Chiés sa comère, où ele file. »
Quant cil oï que là fors ière,
Voirs est qu’il fist mult laide chière.

  1. Mss. 7633, 7615. Var. Di li escuiers.
  2. Ms. 7633. Var. Seinne.
  3. Ms. 7633. Var. Ta.