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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/390

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contraire, principalement par la décrétale d’Innocent III, tirée du concile de Latran, et disaient que cette nouvelle explication devait être rejetée comme ne s’accordant pas avec la foi. L’opinion de Frère Jean de Parts ayant donc été examinée, il ne voulait pas la rétracter et la soutenait opiniâtrément. C’est pourquoi le nouvel évêque de Paris, Guillaume d’Aurillac, assembla Gilles de Rome, archevêque de Bourges, Bertrand de Saint-Denis, évêque d’Amiens[1], avec plusieurs autres docteurs, et par leur conseil imposa silence perpétuel sur cet article à Frère Jean de Paris, sous peine d’excommunication, et lui défendit les leçons et la prédication. Jean en appela au saint-siège, et on lui donna des commissaires en cour de Rome ; mais il mourut avant que l’affaire fût terminée. » Ellies-du-Pin nous apprend que la mort frappa ce docteur le jour de saint Maurice de l’année 1306, à Bordeaux, où il était allé trouver le pape Clément V.

Outre les traités dont nous venons de parler, on attribue encore à Jean de Paris le Correctoire de la doctrine de saint Thomas contre Guillaume de la Mare, imprimé sous le nom de Gilles de Rome[2]. Il est certain en effet qu’il avait composé un ouvrage sous ce titre, mais il ne l’est pas que ce soit celui qui est imprimé sous le nom de Gilles. Ellies-du-Pin signale encore, d’après Baluze, un manuscrit du fonds Colbert, bibliothèque du Roi, qui contient, dit-il, trois sermons prêchés par ce religieux. Le catalogue manuscrit du fonds Colbert dit bien, en parlant d’un recueil coté sous le no 3725, que ce recueil contient des sermons de Jean de Paris, de Frère Richard, de Frère Gérard de Reims, etc. ; mais je n’y ai pas trouvé trace des premiers,

  1. Ellies-du-Pin dit que Bertrand était évêque d’Orléans.
  2. Gilles de Rome, qui fut précepteur de Philippe-le-Bel et élève de saint Thomas d’Aquin dont il défendit toujours la doctrine, enseigna la philosophie et la théologie à l’Université de Paris. Il mourut en 1316, laissant un grand nombre d’ouvrages qui lui ont acquis le nom de docteur très-bien fondé, et dont l’un, qui est imprimé au t. II de La Monarchie de Goldast, est relatif, comme le traité de Jean de Paris, à la querelle du pape et du roi en 1304.