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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/422

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NOTES

quable qu’il pourrait concerner plusieurs des pièces de Rutebeuf, et peut-être même celle qui a donné lieu à cette note.

Après la mort d’Alexandre IV, qui ne rendit pas moins de quarante bulles contre l’Académie, les esprits s’apaisèrent peu à peu, et Guillaume de Saint-Amour, qu’on désirait vivement à Paris, revint dans cette capitale, où il fit une entrée triomphante. Si la joie et l’enthousiasme des spectateurs n’ont pas été exagérés par les écrivains qui en parlent, son retour pourrait être comparé à celui de Voltaire.

Ce fut peu de temps après cette époque que Guillaume retoucha son livre des Périls, dont la forme surtout avait semblé déplaire à Alexandre IV. Seulement, pour ne point s’attirer de nouvelles persécutions, il le fit soumettre par maître Thomas, académicien, au pape Clément IV, qui mit dans sa réponse assez d’habileté, un peu de malice peut-être, et en tout cas la plus grande réserve. Le pontife écrivit en effet à Guillaume que, comme il lui était impossible de lire tout ce qu’on lui envoyait, il ne lui répondait pas au fond tout de suite, mais qu’il le ferait aussitôt qu’il en aurait le temps ; que néanmoins, comme il était possible que la chose traînât en longueur, il avait cru devoir donner congé à maître Thomas. On n’a jamais su depuis l’avis du chef de l’Église.

Ainsi se terminèrent toutes ces querelles aujourd’hui non-seulement oubliées, mais qui exigent la plus grande attention pour être bien comprises.

Guillaume de Saint-Amour, après avoir joui de l’honneur d’avoir pour adversaires Albert-le-Grand, saint Thomas d’Aquin, lequel répondit au livre des Périls par le traité Adversùs impugnantes religionem, et saint Bonaventure, qui essaya de le réfuter par celui De paupertate

    dire à Crevier, d’après Duboullay, dans son Histoire de l’Université de Paris : « Tous les exemplaires du livre des Périls n’ont pas été brûlés, puisqu’il s’en est conservé jusqu’à nos jours ; mais je ne crois pas que nous ayons la version qui en fut faite alors en langue vulgaire, et même en vers français du temps, que l’on se plaisait à faire courir parmi le peuple. »