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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Christi et apologia pauperum[1], mourut en 1270 selon les uns, en 1272 selon d’autres, après avoir possédé de son vivant une réputation d’éloquence, de courage et de fermeté qui lui survécut fort longtemps, et qui s’étendit même bien au-delà de son époque[2].

On trouve en effet dans le Roman de la Rose les vers suivants qui concernent ce docteur, et qui sont placés par Jean de Meung dans la bouche de Faux-Semblant (édition de Méon, t. II, page 354), lequel, après avoir enseigné les divers cas où un homme peut mendier sans honte, ajoute :

Qui de mendiance vuet vivre
Faire le puet, non autrement,
Se cil de Saint-Amour ne ment
Qui desputer savoit et lire
Et préeschier ceste matire
A Paris avec les devins :
Jà ne m’aïst ne pains ne vins,
S’il n’avoit en sa vérité
L’accord de l’Université
Et du pueple communément
Qui ooient son preschement.
Nus prodons de ce refuser
Vers Diex ne se puet escuser.
Qui grocier en vodra, si grouce,
Et courrecier si s’en corrouce,

  1. Ce dernier traité était dirigé plus spécialement contre Gérard Sagarello, lequel, pour soutenir l’Université, avait écrit contre les Frères-Mineurs un livre assez piquant.
  2. Si ce que dit l’Histoire des controverses ecclésiastiques est vrai, la dernière date de la mort de Guillaume de Saint-Amour serait la véritable. Voici les paroles d’Ellies-du-Pin : « L’année de la mort de Guillaume de Saint-Amour n’a été marquée par aucun auteur ; mais son épitaphe, qui est dans l’église de Saint-Amour, dans le comté de Bourgogne, où il a été enterré, nous apprend qu’il mourut l’an 1272, et le livre obituaire de l’église de Mâcon que c’est le 13e de septembre ; ce qui nous a été communiqué par M. Francatel, qui en a fait la recherche. »

    On a prétendu aussi que Guillaume n’avait point été membre de la Sorbonne ; cependant nous voyons que l’éditeur de ses ouvrages, qui s’est caché sous le nom d’Alitophile, dit que le portrait de Guillaume, qu’il a mis en tête des œuvres de ce maître, est tiré des vitraux de l’ancienne bibliothèque de Sorbonne. En outre Grancolas, dans son Histoire supprimée de l’église, de la ville et de l’Université de Paris, dit en propres termes que Robert Sorbon donna pour maîtres à ses écoliers Guillaume de Saint-Amour, Eudes de Douay et Laurent l’Anglois.