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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/430

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NOTES


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NOTE M.

(Voyez page 89, note 3.)


LA CHANTE-PLEURE.


On lit à la page 67 de la Description des Mss. de la Chanson de Roland (voyez le poëme de ce nom publié par M. Francisque Michel) que la Chante-Pleure a été mise au jour en 1834 par M. Henri Monnin, à Lyon, en un in-8o de 16 pages, d’après un Ms. de la bibliothèque de Lyon. Comme il m’a été impossible de me procurer cette édition, qui est sans doute une curiosité bibliographique, j’ai cru pouvoir redonner la Chante-Pleure, mais d’après le Ms. de Paris, 7218.

De celui haut Seigneur qui en la croix fu mis,
Qui les portes d’enfer brisa por ses amis,
Soient cil beneoit et à bone fin pris
Qui .i. poi entendront des biens que j’ai apris.

Mult vaut miex Pleure-Chante que ne fait Chante-Pleure ;
Cil qui s’envoise et chante et en pechié demeure,
Cil plorra en enfer, jà n’iert qui le sequeure,
Entre les Sathanas qui sont noir comme meure.

Et de la Pleure-Chante savez que sénéfie :
Qui pleure ses pechiez et vers Dieu s’umelie.
L’âme a le guerredon quant la char est porrie :
Ou ciel avoec les angles s’en va toute florie ;
Lors ne se puet tenir qu’ele ne chant et rie.

Que valent les richeces, que valent les trésors ?
Tout devendra noient li argenz et li ors,
Et nous perdons les âmes por les déliz des cors ;
Quar la char si porist tantost comme l’âme est hors.

N’est si bele jovente ne coviegne morir :
Qoi que li cors deviegne, l’âme ne puet porir,
Dont di-je que por l’âme feroit bon Dieu servir
Por avoir la grant joie qui dure sanz faillir.