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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/112

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toutes les occasions qui peuvent leur donner de l’aliment. Je vous avouerai, mon Émilie, qu’en parlant ainsi je ressemblais à un poltron qui prêcherait le courage, ou à ceux qui chantent la nuit, pour faire croire qu’ils n’ont pas peur ; je tâchais par là, et de m’affermir moi-même et d’empêcher, par un ton sérieux et composé, que le Marquis ne se livrât à des effusions de sentimens ; mais tout à coup il s’est écrié avec vivacité : il est bien facile de raisonner ainsi dans le calme de l’indifférence ; je crois avoir autant d’empire sur moi qu’un autre, et pendant six semaines, Madame, je l’ai prouvé ici par mon silence et la plus respectueuse circonspection ; sans le portrait, vous auriez peut-être toujours ignoré l’impression que vous avez faite sur moi, et que rien ne pourra effacer. Je sais que je ne dois