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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/115

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porte-feuille : je perdrai la vie avant que de le laisser échapper une seconde fois. Il n’en a pas été plutôt en possession que les transports de sa joie m’ont fait sentir que j’avais fait une faute, et qu’il ne pouvait se trouver si heureux, que parce que cette restitution lui paraissait volontaire. Plus il était heureux, plus je sentais que j’avais eu tort ; mais il n’y avait plus moyen d’y revenir. L’on est venu l’avertir que sa voiture était raccommodée, et craignant le retour de mes parens, je l’ai pressé si vivement de me quitter, qu’il s’y est déterminé sans difficulté, et je crois par la crainte de s’entendre redemander le portrait. Il m’a encore baisé les mains en partant, et a répété d’un son de voix attendrie : présente je vous fuis, absente je vous trouve. Un moment après son