Aller au contenu

Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Montjustin que j’aimais sincèrement ; quand j’ai perdu, il y a trois ans, ma petite Charlotte, qu’il viendrait un temps où je regarderais leur mort comme un bien pour eux, et presque aussi pour moi ! Qui peut m’assurer que le duc de Montjustin, ardent, passionné dans ses goûts pour les idées nouvelles, n’aurait pas été Démocrate, on qu’il n’aurait pas été une des victimes immolées dans les affreuses journées qui surpassent celle de la St. Barthélémy ; enfin impatient, fier comme if l’était, comment aurait-il pu se résigner à la pauvreté, et à l’humiliation qui la suit ? Que ferais-je de ma Charlotte, qui aurait aujourd’hui quatorze ans ? Forcée de la perdre de vue quelquefois pour m’occuper de mon travail, et de mon petit commerce, comment la garantir des impressions qu’elle pourrait