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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/20

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recevoir ? Et si les affaires de la France ne s’arrangent point, quel sort lui préparait l’avenir !… son éducation lui avait inspiré des sentimens conformes à sa naissance, comment supposer que dans une personne de cet âge, la raison aurait su en affaiblir le souvenir sans l’éteindre, et l’amener à une résignation exempte de bassesse et d’abattement ? Voilà ce que ma raison me dit quelquefois pour tempérer la douleur de sa perte ; mais mon cœur me présente bien plus souvent un autre aspect, et je vois Charlotte partageant mon travail, me prodiguant les plus tendres soins ; je vois dans elle une compagne chérie, à qui j’ouvre mon cœur, enfin l’objet d’une affection qui par sa nature et sa vivacité suffit à l’ame la plus sensible et la plus active. Mais il serait venu un temps, et ce