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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/268

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corridor où la flamme n’avait pas gagné, mais où nous étouffions de fumée, et je ne sais quel instinct nous avait portées à nous coucher à terre, la bouche presque collée sur le plancher, afin de pouvoir respirer. Je ne vous dirai pas ce qui se passait en moi, ma tête était perdue et ce qui me restait de sentiment était pour ma malheureuse mère. Tout d’un coup j’ai entendu crier : madame ! madame la Comtesse ! et sans rien pouvoir distinguer je me suis senti enlever, mais j’étais comme évanouie. La flamme cependant, en me portant sur les joues, m’a fait un peu revenir, mais pas assez pour avoir toute l’horreur du spectacle qui m’environnait ; une idée confuse du Marquis m’a frappée comme dans un rêve ; ma mère suivait, fortement tenue par la main du Marquis ; c’est ainsi que nous sommes parvenues dans la cour.