Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/269

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On m’a jeté de l’eau, et le Marquis, que j’ai reconnu à la clarté du feu qui éclairait comme en plein midi, m’a portée dans une chambre. Le reste, vous le savez ; vous êtes instruite de son état, de sa main, de ses jambes, dont il n’a rien senti pendant plus d’une heure ; il souffre beaucoup, mais il n’y a rien à craindre. Je lui dois la vie de ma mère, je lui dois la mienne, et sans lui, Émilie, il n’y aurait plus de Victorine pour vous. Il semble qu’il soit honteux des obligations que nous lui avons, et en se livrant à la joie comme un autre, on ne croirait pas que c’est lui qui en est le principe. Je ne le quitte pas de tout le jour ; que ne puis-je adoucir ses souffrances ! Il est heureux de me voir, c’est son ouvrage qu’il contemple. Je dîne avec lui, et quelquefois je le sers : ma mère est en tiers. Ah ! ce