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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/283

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des crimes, expliquaient par quelle gradation de circonstances ils sont arrivés au fatal moment qui les a rendu coupables, on en trouverait plusieurs dignes au moins d’être plaints. C’est sans doute pour cela qu’on se sert en Français du mot de malheureux ; en parlant d’un criminel, on dit : c’est ce malheureux qui a volé, qui a tué. Il est des gens pour qui la vertu est bien facile ; mais celui qui est poursuivi par le besoin, et qui trouve sous sa main une somme qui peut le tirer de la misère !… plaignons-le, ma chère, et gémissons de la barbarie des lois qui mettent dans la même balance la vie d’un homme, et une pièce de monnoie. Je faisais ces réflexions pendant la route ; de ce qui peut mériter la commisération, je passais à ce qui peut mériter l’indulgence ; des crimes je passais aux faiblesses ; mais