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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/29

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ma patrie. Toute la famille m’a fait les adieux les plus sensibles, et la charmante Comtesse a seule été un peu froide. Les adieux ont souvent cela d’embarrassant, il faut se faire effort pour montrer ce qu’on ne sent pas, ou pour cacher ce qu’on sent. Hélas ! elle n’avait rien à cacher ; mais la présence d’un mari porté à la jalousie, semble quelquefois l’embarrasser. La crainte de rougir fait rougir, et n’osant donner l’essor à sa bienveillance, elle m’a paru mettre un peu plus de réserve que les autres dans l’expression de ses regrets ; son embarras m’a donc privé des témoignages d’une innocente affection. La contrainte que j’avais éprouvée à la promenade, et la lumière qui tout d’un coup m’a fait lire au fond de mon cœur, m’ont fait prendre la résolution de partir le