Aller au contenu

Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lendemain de grand matin, sans voir personne. En me faisant cette violence, je me comparais à un homme condamné qui désire qu’on avance l’heure de son supplice. J’ai prétexté un rendez-vous donné à Francfort, qui me forçait à y arriver de très bonne heure, et je suis rentré chez moi dans l’accablement du désespoir. Le château de Lœwenstein était comme je vous l’ai dit, devenu ma patrie, et j’y avais trouvé une nombreuse famille. Hélas ! je me voyais de nouveau seul sur la terre. Six heures sonnaient à peine que j’étais monté en voiture, le lendemain matin ; en quittant cette maison où j’ai mené une vie si douce, j’ai avancé la tête lorsque ma voiture sortait de la cour, pour la considérer encore, et diriez-vous que j’ai cru appercevoir la Comtesse qui avait entr’ouvert