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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/325

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le Président. L’entretien a roulé hier toute la soirée sur la fin d’une Émigrée qui s’est tuée d’un coup de pistolet. Cette triste aventure a donné lieu de raisonner sur le suicide ; les uns ont prétendu que c’était un acte de courage, d’autres qu’il y avait plus de force d’ame dans celui qui savait supporter le malheur. Vous connaissez cette thèse qui a souvent été agitée, et toutes les raisons pour et contre ; mais le caractère de la personne qui a terminé si tranquillement ses jours semblerait décider la question, et rendre suspect au moins le courage de ceux qui se tuent. Vous la connaissez, c’est madame de ****. Jamais femme ne fut plus timide, plus pusillanime ; une porte brusquement ouverte la faisait évanouir d’effroi ; elle avait peur de tout, des vivans et des morts ; habituée au