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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/90

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nègre couvert de haillons m’a fait traverser une petite cour, où je crois que le soleil n’a jamais dardé ses rayons ; montant ensuite par un escalier dont les marches à demi rompues laissaient passer le jour à travers, je suis arrivé à une espèce de grenier. Là, j’ai vu, couché sur un grabat, un vieillard à cheveux blancs. Près de lui, sur le bras d’un mauvais fauteuil, était un cordon rouge devenu feuille morte auquel pendait une croix cassée ; une jeune fille dans le plus grand délabrement était accroupie près d’un réchaud, occupée à faire chauffer un peu de bouillon d’herbes, et le nègre, les mains jointes sur sa poitrine, se tenait dans un coin levant de temps en temps les yeux au ciel : je suis demeuré interdit un moment à l’aspect et des personnes et du lieu. « C’est sans doute monsieur le Marquis