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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/110

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consolation, et je voyais avec un plaisir infini qu’au milieu de l’abandon général j’avais conservé une amie ; qu’au milieu des clameurs de la calomnie, il s’élevait une voix qui rendait justice à mon innocence. Tout ce qu’elle me mandait endurcissait mon cœur contre l’humanité : que de perfidies j’éprouvai de la part de personnes qui m’avaient témoigné de l’amitié, qui étaient associées à mes plaisirs, et avaient partagé en quelque sorte tous les avantages dont m’avait comblée la fortune. Les unes se défendaient d’avoir eu avec moi des relations intimes ; les autres m’accusaient d’une profonde hypocrisie qui les avait induites en erreur ; semblables à ces harpies qui empoisonnaient les mets les plus délicieux, elles changeaient aussi en déguisemens perfides les sentimens d’une ame sensible