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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/111

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et je puis dire vertueuse. Une année s’écoula pendant laquelle je tâchai de me suffire à moi-même ; le dessin n’était plus pour moi une ressource ; principe de ma perte, cette occupation m’était devenue odieuse. Il ne m’était pas permis de faire venir des maîtres, je fus donc réduite à n’attendre rien que de moi, et je m’appliquai à la lecture, je faisais des notes sur ce que je lisais, et des extraits propres à me rappeler ce que j’avais lû. J’appris à fond l’Italien dont j’avais déjà une teinture, et le temps passa assez rapidement. Hélas ! telle est la triste condition des hommes que leur bonheur consiste dans la plus prompte consommation de la vie ; tous ne tendent qu’à abréger le sentiment de sa durée : qu’est-ce donc qu’un trésor qu’il faut promptement dépenser pour en jouir, qui nous accable