Aller au contenu

Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chevalier ; la perspective d’un bonheur légitime et durable s’offrait à mon imagination ; l’univers entier qui m’avait depuis long-temps semblé couvert de deuil, s’embellissait à mes yeux, comme lorsque le printemps succède à l’horreur d’un hiver rigoureux. Je renaissais en quelque sorte, et tout acquérait du prix à mes yeux : c’était, si j’ose le dire, une convalescence de l’ame. Le Chevalier ne me parlait plus des rapports qu’il trouvait entre moi et cette autre femme ; il craignait de me choquer, en retraçant des charmes, dont le souvenir si durable semblait devoir s’opposer à l’effet des miens. Il lui échappait cependant quelquefois des mots qui rappelaient ses anciennes amours ; mais il fallait être au fait comme moi pour y faire attention. Un soir qu’il avait soupé avec moi,