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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/130

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nous parlâmes du mariage d’un homme fort connu dans le monde, et qui avait été long-temps traversé dans son amour par la femme qu’il épousait. C’était la nouvelle du jour ; on racontait mille incidens qui avaient contrarié leur passion, et enfin, le bonheur dont ils offraient l’image, était l’entretien général des personnes qui prétendaient à la sensibilité. Le Chevalier s’attendrit au récit de leur bonheur, et je ne fus pas moins émue. Ah ! me dit-il. Madame, pourquoi faut-il qu’un tel spectacle fasse mon tourment ? Quoi, Chevalier vous êtes envieux de la félicité d’autrui ? — J’y applaudis ; mais un triste retour sur moi-même, en me faisant voir que je la mérite, m’indigne aussi contre les obstacles. Il se jeta à mes pieds sans prononcer une parole, et couvrit mes mains de baisers