Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/131

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enflammés. Je m’efforçai de le faire relever, les larmes inondèrent mes joues, et lui firent connaître que je partageais ses tendres émotions. Cette déclaration muette était plus éloquente que les discours les plus passionnés : Quand deux cœurs éprouvent les mêmes sentimens, les mouvemens qu’ils inspirent devancent et surpassent les paroles. Nous devînmes tous deux plus calmes par la certitude de notre mutuelle tendresse, et alors je lui dis : Chevalier, vous avez aimé vivement, comment puis-je être assurée que votre ancien amour ne vit peut-être pas au fond de votre cœur, et qu’il ne se ranimera pas à la première occasion ? Il me dit alors que sa maîtresse était morte depuis plus de deux ans ; mais que sa franchise ne lui permettait pas de me cacher que ma ressemblance avec elle,