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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/153

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lorsque la Comtesse parle, vous semblez sortir d’un songe profond, votre visage sombre s’éclaire à l’instant, vos regards se portent involontairement vers elle et il est aisé d’y lire tout le feu de la passion. Vous ne la louez pas, mais dès qu’elle cesse de parler, vous retombez dans votre léthargie. Le mari sans être un aigle pour la pénétration observe ces changemens si prompts, et j’en suis aussi assurée que s’il me l’avait dit ; le bruyant Commandeur n’y prend pas garde, parce que lorsqu’il est en train de faire ses récits de guerre ou de galanterie, il prend le silence pour de l’attention ; la mère croit que vous êtes occupé de vos malheurs, et cependant porte quelquefois sur vous et sa fille des regards à la fois inquiets, et attendris ; la Comtesse gênée et triste, redouble d’attention