Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/188

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faire un grand plaisir en l’accompagnant ; eh bien ; ma chère Émilie, je lui proposerai de le suivre ; ce voyage servira à me distraire ; je risque de m’ennuyer, mais je serai calme, tandis que la vue continuelle d’un homme qui souffre pour moi, par moi, me met au supplice. Depuis qu’il m’a fait connaître son amour, les plus innocentes marques d’affection de ma part semblent lui donner de l’espoir ; que veut-il de moi ? que je l’aime, que je lui en donne l’assurance, je l’ai mille fois assuré de ma reconnaissance et de la plus tendre amitié ; mais un sentiment si doux pour les cœurs innocens ne lui suffit pas ; c’est le mot d’amour qu’il faut prononcer… ah ! ma chère Émilie, je crois sentir au trouble que me fait éprouver quelquefois la présence du Marquis que l’amitié, ce sentiment si pur, si doux, n’est peut-être