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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/189

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pas aussi suffisant pour mon cœur. Qu’ai-je dit, ma chère Émilie, rassurez-vous cependant, c’est de ma part une crainte bien plus qu’une certitude, mais quelque soit l’état de mon cœur, et soit que ma raison combatte des chimères ou des réalités, il faut fuir sa présence ; je sens que cela est nécessaire à mon repos, au sien. Diriez-vous que telle est ma situation, que le Marquis ne peut se présenter à moi sous un aspect qui me satisfasse ; paraît-il content, je suis effrayée, je repasse avec inquiétude ma conduite de la veille, et de la journée, et je me demande si quelque chose dans mes actions, dans mes discours, dans mes regards lui a donné de l’espoir ; paraît-il triste, rêveur, mon cœur est douloureusement affecté de le voir malheureux par moi ; il me serait si doux de faire son bonheur ; combien,