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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/205

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plus qu’un songe fugitif : c’est auprès de vous seule que j’ai vécu, et pendant quelques jours j’ai vécu pour le bonheur : ce sera désormais pour le malheur ; mais ce sera par vous que je l’éprouverai et pour vous, si j’en crois ma cousine : m’envierez-vous encore la douceur que j’éprouve au milieu de mes maux par l’idée qu’ils viennent de vous ; ah ! puissiez-vous véritablement avoir besoin de mon absence ! avec quel empressement je vous obéirais, si j’avais à fuir une femme qui m’aime, si je me disais, elle prend des précautions contre elle-même, et si elle ne m’aimait pas elle me souffrirait auprès d’elle ! Ne croyez pas, au reste, Madame, que je me fasse une telle illusion ; non, non, je n’emporterai aucune consolation en vous quittant ; je ne me croirai jamais qu’importun et non dangereux.