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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/91

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il mit moins d’ardeur dans ses empressemens, et je lui sus gré de l’empire qu’il s’efforçait de prendre sur lui : je n’étais, hélas ! que trop à portée de savoir par moi-même, combien étaient coûteux de pareils efforts ; mais aussi je jouissais quelquefois, de cette satisfaction pure qu’on éprouve, lorsque la raison et le devoir ont triomphé de nos penchans ; avec quel plaisir je descendais alors eu moi-même ! et combien je me trouvais heureuse d’être estimable à mes propres yeux ! Un incident, impossible à prévoir, vint m’enlever le fruit de six mois de combats, et me précipiter innocente, dans l’abyme que je voulais éviter. J’avais été élevée par une fille de condition, que l’infortune avait réduite à mettre ses talens à profit ; cette personne estimable, qui avait les plus grands droits à ma