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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/96

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la rencontre du Chevalier ne fortifiait que trop ses abominables soupçons, et mes sermens furent inutiles. Il se rendit au sortir de cette scène horrible chez mon père, qui cependant ne voulut pas me condamner sans m’avoir entendue. L’innocence a une langue et des gestes qui la rendent sensible aux yeux que la passion ne couvre pas d’un bandeau ; je vins à bout de faire entendre la vérité à mon père ; il en imposa à mon mari, et modéra ses transports, sans lui faire partager entièrement sa conviction. Je ne voulus pas revoir le Chevalier, qui reçut au même instant des ordres de partir pour l’Inde avec son régiment, et tout ce qu’il obtint de moi, fut l’assurance que je lui fis donner par sa sœur que je ne lui en voulais pas. L’amitié de cette femme aimable et sensible devint ma seule consolation dans