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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/95

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quelques plaisanteries sur cette rencontre, et il me voit sortir de la même maison. À peine il peut en croire ses yeux, il quitte le Chevalier, et vient à moi, le visage renversé, me prend brusquement le bras sans parler, me le serre avec des mouvemens convulsifs, et m’entraîne ainsi chez moi sans me dire une parole. Je n’ai point d’expressions pour peindre la fureur qui le transporte ; je veux parler, il ne m’écoute pas, et je ne puis rien comprendre d’abord à quelques mots qui lui échappent, ni à la violence de ses transports. Enfin il me dit qu’il sait d’où je viens, qu’il connaît la maison, et j’apprends que là, demeure au premier, une femme qui prête ses appartemens aux personnes qui trouvent des obstacles pour se voir ailleurs commodément. J’eus beau protester de mon innocence ;