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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/170

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Ses principaux compétiteurs étaient un certain Félix Van Hulst, littérateur aujourd’hui oublié, et le poète Ed. Wacken, secrétaire de la Revue de Belgique. Weustenraad pouvait se croire des titres particuliers à la faveur ministérielle. Il était, à cette époque, le poète belge le plus réputé, celui dont l’œuvre exprimait le mieux les aspirations de la jeune nation. Le Remorqueur l’avait mis tout à fait en vue ; d’autres poèmes, la Charité surtout, avaient encore accru sa réputation. En outre, il possédait des titres extra-littéraires, qui pouvaient être, dans l’occurrence, de plus de poids que les précédents. Comme rédacteur en chef de la Tribune, il avait défendu de sa plume les idées politiques de l’actuel ministre de l’Intérieur jusqu’au jour où celui-ci était arrivé au pouvoir (juin 1847). Enfin ce ministre était Charles Rogier, son ami personnel, à qui il avait dédié le Remorqueur six ans plus tôt, c’est-à-dire en un moment où l’hommage ne pouvait passer pour un acte de courtisanerie. Weustenraad semblait donc avoir des chances sérieuses.

Mais le ministre entendait confier le cours de littérature française à une « notabilité littéraire de France». Il s’adressa d’abord à D. Nisard, qui déclina l’offre. Il se tourna ensuite vers Sainte-Beuve, qui, chargé une fois déjà de cette fonction, par lui Rogier, en 1834, s’était dérobé, au dernier moment, parce qu’il ne se sentait pas le cœur de quitter madame Hugo, pour qui il avait du penchant. En 1848, Sainte-Beuve