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Page:Sabatier - Leçons élémentaires de chimie agricole.djvu/105

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DE CHIMIE AGRICOLE.

Les plantes dites améliorantes contribuent tout aussi bien et même plus puissamment que les autres à cet appauvrissement du sol en azote. L’amélioration n’est qu’apparente ; elle a bien lieu réellement pour le sol actif, mais c’est aux dépens des couches profondes et du sous-sol.

Les racines de trèfle ou de luzerne pénètrent très abondamment jusqu’à des profondeurs considérables et vont jusque dans le sous-sol chercher l’azote qui y est en réserve et que les céréales y laisseraient. Parfois aussi, sans doute, elles arrivent jusqu’à la couche des eaux souterraines provenant du drainage de champs voisins, et là, elles trouvent des nitrates qu’elles absorbent et utilisent pour se nourrir. Grâce à cet azote puisé très bas, les radicelles se développent nombreuses dans le sol de surface, et les débris végétaux qui en résulteront sont une vraie fumure azotée originaire des parties profondes de la terre. La luzerne, le trèfle sont pour ainsi dire les appareils extractifs de l’azote du sous-sol ; grâce à ce transport d’azote inaccessible aux céréales, le sol proprement dit est amélioré, mais c’est au détriment des couches inférieures devenues pauvres.

C’est pour cela que les légumineuses ne peuvent jamais être cultivées indéfiniment dans une même terre dont elles épuisent assez vite les profondeurs. À Rothamsted, on n’a pu maintenir du trèfle pendant une longue période, même avec le concours de fumures intenses.

Théorie de la fixation d’azote sur la terre végétale.Historique de la théorie. — Certains chimistes, pour expliquer la nitrification des sols, émirent l’opinion que la terre végétale peut condenser abondamment les gaz sur ses particules, et que, grâce à cette condensation, l’oxygène et l’azote de l’air peu-