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Page:Sabatier - Leçons élémentaires de chimie agricole.djvu/139

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DE CHIMIE AGRICOLE.

dation au rouge en présence du carbonate de soude, conduit à des résultats très élevés surtout pour les terres végétales riches en matières azotées. Dans la terre de Meudon, qui renfermait par kilogramme 0gr45 d’acide sulfurique, contenant 0gr18 de soufre, M. Berthelot a trouvé pour le soufre total : 1gr41, soit sept fois plus. Le soufre y existait donc principalement sous forme de composés organiques sulfurés d’un ordre spécial. Ces combinaisons, encore fort mal connues, ont visiblement pris naissance à partir des sulfates ; elles peuvent sans doute, aussi bien que ceux-ci, assurer l’alimentation sulfurée des récoltes, et ont probablement l’avantage d’une insolubilité plus grande dans les eaux météoriques. Ces distinctions n’ont pu être faites jusqu’à présent et on s’est borné à évaluer la dose d’acide sulfurique contenu dans les terres.

La formation des tissus végétaux exigeant du soufre, il faut nécessairement que le sol renferme une provision notable de cet élément, et les cultures des plantes les plus riches en soufre, telles que les légumineuses et crucifères, doivent avoir de ce côté des exigences spéciales dont on s’est en général assez peu préoccupé. Si les sulfates ou la matière sulfurée font défaut, leur addition s’impose absolument : le plâtrage, qui apporte à la terre du sulfate de chaux, rendra alors de grands services, principalement pour les récoltes de légumineuses ; le sulfate d’ammoniaque, qu’on emploie fréquemment comme engrais azoté, pourra intervenir utilement comme amendement sulfuré. Quelques agronomes ont pensé qu’une partie des bons effets des superphosphates sur certains sols calcaires déjà riches en acide phosphorique est due au sulfate de chaux que ce produit renferme toujours. Dans ce cas, on aurait une grande économie à se borner au plâtrage.