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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/214

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À KOLOMEA.

tables, Stéphan modulait de sa voix enrouée une vieille chanson militaire, que le chantre accompagnait de son violon, avec force hochements de tête.

M. Nicolas, les yeux allumés par l’eau-de-vie qu’il avait consommée, fit un signe à quelques garçons qui se dirigèrent avec lui derrière le château.

Le groupe folâtre s’accroupit dans un massif d’arbres et entonna tout à coup un chant gouailleur aux paroles comiques. Le refrain surtout était fort gai, enjolivé de miaulements aigus et de gros éclats de rire.

Quant à celle à qui l’on destinait ces railleries cruelles, elle était assise sur le rameau bas d’un saule, au bord du ruisseau. À ses pieds se tenait Dmitro, le garde-chasse, sa belle tête amoureusement pressée contre ses genoux.

En entendant ces clameurs haineuses, elle tressaillit, puis, par un mouvement presque convulsif, elle enfouit ses mains dans l’épaisse chevelure de son amant, et se mit à rire.