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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/133

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MARGUERITE LAMBRUN

Sparte se mit à trembler de tous ses membres.

La reine le remarqua en souriant.

— Je crois pourtant que tu as peur de moi, dit-elle gaîment.

Elle prit la jeune tête entre ses mains, la regarda longuement et déposa sur ses lèvres un léger et craintif baiser, sous lequel Sparte frissonna.

— Enfant, murmura la reine.

Pendant un instant, tous deux se turent. Puis, passant le bras autour du cou de l’adolescent :

— Me trouves-tu belle ?

— On vous dit la plus belle du monde.

— Ce sont des flatteurs qui le disent. Mais toi, que dis-tu ?

— J’ai vu jusqu’à ce jour fort peu de femmes.

— As-tu connu la reine d’Écosse ? questionna Elisabeth avec une singulière vivacité.

Sparte devint pâle comme un mort.

— Qu’as-tu ?

— Je l’ai vue.

— Pourquoi changes-tu de couleur ?

— Je l’ai vue sur l’échafaud et le souvenir m’en est effroyable. Je vois encore la belle tête sanglante…