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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/19

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PRÉFACE

sombre nature pouvait s’épanouir, au chaud rayon d’affection dont vinrent l’éclairer le dévouement et l’enthousiasme du poète, et, en un élan de reconnaissance, se donna librement à son bienfaiteur, qui la croyait mariée et séparée, mais non divorcée, de son mari. Wanda entretint cette illusion, la croyant nécessaire au bonheur sentimental de son romanesque amoureux et, plus tard seulement, devant le cercueil de leur premier enfant, lui révéla la vérité : son enfance malheureuse et sa vie de misère.

Sacher-Mazoch répondit à ces confidences par un cri de joie et les plus nobles, les plus généreuses paroles qui puissent couler des lèvres d’un amant. Peu de temps après, un mariage religieux unit légalement le fils du patricien polonais, ancien directeur de la police de la ville de Gratz, à la pauvre fille qui n’avait pas toujours mangé à sa faim, et qui ne sut pas apprécier cet acte d’amour et de loyauté. Autant son union libre lui avait paru quelque chose de beau, autant la cérémonie officielle lui fait l’effet d’une laide grimace — désormais le don d’elle-même ne sera plus qu’un devoir ! — tandis que l’âme toujours religieuse du poète en demeure profondément émue.

La naissance d’un chérubin aux boucles blondes,