Aller au contenu

Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
L’AMOUR CRUEL

par les armes au tort qu’on nous fait, nous agirions comme ces malfaiteurs. Aussi longtemps qu’il y a un droit et des lois, une Justice et un Monarque, j’ai foi en l’excellence de ma cause plutôt qu’en celle de mon sabre.

— Tu serais capable de la laisser en son pouvoir ? s’écria Jan terrifié. Ne songes-tu pas…

— J’ai songé à tout. Une terrible fatalité s’est appesantie sur nous. Elle ne me fera pas dévier de la voie droite. Tiens-toi à cela. C’est mon dernier mot.

Le jeune homme, plongé dans ses pensées, resta longtemps assis sur sa chaise, tandis qu’Hemelnizki désarmait les paysans et les renvoyait à leurs foyers.

Rentré chez lui, Hemelnizki prit une plume, de l’encre et du papier, et rédigea sa plainte.

Lorsqu’il l’eut achevée, il la relut et la relut encore. Puis il se rendit dans sa chambre à coucher, et quand son fils, inquiet, vint écouter à la porte, il entendit cet homme de fer, pleurer comme un enfant.

Un évanouissement bienfaisant avait enveloppé