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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/22

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PRÉFACE

cule devant le mensonge, mais non devant le fait brutal, la profanation d’elle-même. Et elle nous l’avoue ! elle, la mère d’un fils de trente ans !

Qui ne se déguise pas, révolte, a dit le grand Nietzsche, le plus français des penseurs allemands, dans son chapitre sur l’Ami. Aussi Mme de Sacher-Mazoch révolte-t-elle, en dépit de la pitié qu’elle peut et doit inspirer, et son livre, d’un intérêt psychologique incontestable, est loin d’être un appoint aux théories qu’elle soutient.

Le bizarre sacrifice aboutit à ce que le médecin, que Wanda s’était enfin décidée à consulter, avait prédit à la jeune femme. L’épouse tombée ne se reproche point son aveugle faiblesse ; elle ne se prend pas en grippe, corps et âme, pour s’être laissée séduire par un mirage. Non, dans son cœur s’amoncelle une sourde rancune, une haine profonde contre le mari qui eut sur elle cet empire.

Le détachement du cœur va en augmentant ; un abîme se creuse. Bientôt l’amour maternel lui-même n’est plus assez fort pour soutenir l’épouse dans sa tâche, qui lui semble de plus en plus lourde, et, le jour où, pour la première fois, son cœur parle, elle abandonne son fils Sacha, le plus délicat de ses enfants, qui ne tarde pas à mourir de la typhoïde.