Aller au contenu

Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
PRÉFACE

plus loin ses exigences, supplie sa femme de le tromper pour lui faire revivre les torturantes et intenses jouissances de la jalousie, décrites dans son œuvre de prédilection, La Vénus en fourrure.

On se demande pourquoi Wanda qui, jeune fille, avait si parfaitement joué son rôle de femme mal mariée, n’essaya pas de répondre encore par l’illusion au rêve, en faisant au névropathe la charité de ce « mensonge vital » qu’Hendrik Ibsen signale d’une manière si saisissante dans son drame du Canard Sauvage. La malheureuse eût conservé le respect d’elle-même et l’affection maternelle due au père de ses enfants.

L’âme puritaine que Wanda tenait, par atavisme, de son père wurtembergeois, n’eût point cette bonne inspiration. Ce qui ne l’empêche pas, à son retour d’un pénible rendez-vous accepté neuf jours après la naissance de son deuxième fils, de recourir au mensonge pour expliquer l’échec de l’entreprise. Que ne mentait-elle un peu plus, ou plutôt un peu mieux, en donnant au malade l’illusion d’avoir été trompé ? C’eût été le salut pour tous.

Mais Wanda a la passion de la vérité. Pour cet être de raison, le poète illusionné, comme plus tard le journaliste vaniteux, sont des menteurs. Elle re-