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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/228

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L’AMOUR CRUEL

dwine appuyée à la balustrade du balcon et comptant les coups à haute voix.

L’énergique jeune homme serra les dents, le sang ruisselait le long de son dos, mais il ne poussa pas un gémissement. À l’avant-dernier coup, il s’évanouissait.

Le bourreau prit un dernier élan.

Lidwine ne l’arrêta point.

L’exécution était terminée.

Les heiduques détachèrent le supplicié et le portèrent dans la salle de garde. Lorsqu’il eut repris connaissance, l’un d’eux vint au palais demander les ordres.

— Eh bien, que faut-il faire encore de votre fils et adorateur ? demanda le staroste.

— Que les heiduques lancent les chiens à ses trousses jusqu’aux portes de la ville et puis le laissent aller, commanda Lidwine.

L’ordre fut aussitôt exécuté. La vindicative femme vit, avec un cruel plaisir, les chiens poursuivre comme un vil gibier, l’homme qui l’avait idolâtrée et qui, peut-être, l’aimait encore. Et elle se pencha, pour suivre de son rire infernal, le malheureux dont la chair avait été mise en lambeaux par le fouet et les crocs des molosses.