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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/240

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L’AMOUR CRUEL

charge furieuse, renversant les piétons polonais et les criblant en même temps de flèches empoisonnées.

Les Polonais se partagèrent, découvrant leurs canons qui commencèrent le feu. L’effet fut foudroyant.

Des centaines de chevaux et de cavaliers tombèrent, emportés par les boulets à chaînes. Au même instant, les Tartares firent volte-face, aussi prompts à la fuite qu’à l’attaque, jonchant le champ de bataille de morts et de blessés.

D’autre part, les cavaliers polonais ne furent plus à retenir. Au lieu d’attaquer les ailes, ils se précipitèrent, avec une chevaleresque impétuosité, sur les Tartares, désarçonnant les fuyards du fer de leur lance, et laissant loin derrière eux, leurs fantassins et leurs canons.

Du choc furieux des cavaliers, de leur fuite et de leur poursuite, le sol trembla. Des nuages de poussières tourbillonnèrent, enveloppant le champ de bataille d’un impénétrable nuage. C’est le moment qu’Hemelnizki avait prévu.

Pendant que les Polonais se croyaient vainqueurs, les Cosaques, dissimulés par les nuées de poussière, se précipitèrent sur eux de tous les