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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/288

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L’AMOUR CRUEL

Un matin, le czar Igor fut réveillé par la nouvelle qu’à Jampol, des hommes de sa suite, une vingtaine environ, avaient été surpris dans leur sommeil, et massacrés. Les boyards indignés crièrent à la trahison. Le czar lui-même, rouge de colère, prit les armes pour se rendre à Jampol et y exercer une terrible justice. Mais, parvenu à la place du marché, il se heurta à une foule compacte venue des environs, qui se jeta à la tête des chevaux en les arrêtant par la bride. Le czar menaçant de se servir de ses armes, ils lâchèrent prise, mais au même moment, parut une troupe de cavaliers, à leur tête Mak, qui lui barrèrent la route.

— Grand czar, cria le chef des insurgés, nous sommes ici pour te demander, une dernière fois et les armes à la main, ce que tu as refusé à nos prières. Déclare que tu retires les impôts, donne-le-nous par écrit, et nous te laissons partir. Si tu refuses, tu ne quitteras cette ville qu’en passant sur nos cadavres.

— Jamais encore, répondit le czar, la violence ne m’a arraché ce que je n’ai point fait de ma libre volonté.

— Est-ce là ton dernier mot, czar Igor ?